Aqsa, la Palestine et les médias

al-aqsa-londonpostEt si les médias désinformaient !

Par un tour de passe-passe et très peu d’entrain à respecter la déontologie journalistique, la colonisation tout azimut de la Cisjordanie  et la judaïsation à marche forcée  de la ville Sainte n’existent presque plus ou même pas dans notre univers médiatique face à la situation explosive à Jérusalem.
Et pire encore,  c’est  le mutisme total sur les profanations récurrentes de l’esplanade de la Mosquée Sainte El Aqsa,  c’est le silence effrayant sur la mort et l’assassinat par l’armée israélienne de nombreux palestiniens qui  manifestent pacifiquement   contre la situation à Jérusalem mais quel vacarme et quel tapage pour tenter d’étayer la thèse mensongère d’une armée israélienne contrainte de réagir face au « terrorisme » palestinien.

Focus sur un ou deux cas

En effet, il semble qu’un certain consensus médiatique déconsidère, dangereusement, la violence coloniale auquel sont soumis les palestiniens et qui ne fait qu’aveugler sur la réalité de l’occupation.

Prenons un seul cas, il faudrait pourtant prendre le temps nécessaire pour créer une veille médiatique face aux flots de désinformation qui se déverse sur le conflit palestinien.

Bref. Focus sur Canal +,  lundi 05 octobre : nous sommes dans l’émission La nouvelle édition et sa séquence qui traite des questions d’envergure internationale c’est à dire Le monde en 3 images. On aborde la question palestinienne et on débute : « des palestiniens jettent des pierres sur des soldats israéliens qui ripostent en lançant des gazs lacrymogènes. En Cisjordanie c’est même à balles réelles qu’ils tirent : 1 mort, ils sont 150 blessés » puis « Après le décès de deux israéliens samedi dernier tués par un palestinien, le gouvernement de B.N promet un combat jusqu’à la mort contre ce qu’il appelle le terrorisme palestinien ».

Que comprend-t-on ? Les israéliens « ripostent » face au jet de pierre, c’est « après le décès de deux israéliens » qu’ils se déterminent à réagir et puis l’armée d’occupation « tire,  elle ne « tue » pas contrairement à ces palestiniens. Quid des 6 palestiniens tués en 3 jours par l’armée israélienne, des 33 palestiniens tués en octobre dont 7 enfants, des 1600 blessés causés par une répression sanglante à Bethléem, Jérusalem, Hébron, Gaza et dans les camps de réfugiés. Quid du jeune Bassem Bassam Sidr, âgé de 17 ans, de Mutaz Ibrahim Zawahreh, âgé de 27 ans, de Ahmad Abu Sh’aban, âgé de 23 ans et pleins d’autres : tous tués des armes de l’armée d’occupation.

C’est au tour du zapping et nous sommes toujours le 5 octobre sur Canal +. On le sait, le zapping c’est la sélection des moments forts de la T.V. Cette fois-ci Canal + emprunte aux informations du Week-end de France 2 qui évoque la situation en Palestine.

Première séquence, le journaliste commente: « La scène se passe dans la vieille ville hier soir, un commerçant filme avec son téléphone, un palestinien en noir ici armé d’un couteau se jette sur une famille israélienne puis il poignarde le père au sol, les forces de sécurité arrivent. Plusieurs rafales, au bout de la rue l’assaillant vient d’être abattu. »

Deuxième séquence, un palestinien filmé parle, keffieh sur la tête, et on ne peut entrevoir que ses yeux : « Avec l’aide de Dieu, c’est le début de la troisième intifada, partout les palestiniens vont se soulever ».

Que comprend-t-on ? Les palestiniens sont les « assaillants, ils tuent à coup de couteau et surtout lâchement un père de famille israélien au sol, « les forces de sécurité » autrement dit l’armée d’occupation ne fait que, légitimement, réagir pour rétablir l’ordre public et la paix.  Quant à la deuxième séquence, ce n’est pas difficile, le conflit est en l’espace de 6 secondes réduit à une dimension religieuse, 6 secondes qui veulent nier ce qui a aboutit à cette situation : le piétinement du droit international, la colonisation à outrance et la judaïsation forcenée et programmée de Jérusalem.

Les israéliens poignardés ont été parfois des officiers de l’armée d’occupation ou des agents  des renseignements, les palestiniens tués, eux, sont tous des civils qui réclament leur droit et leurs libertés mais pour que la paix s’installe, que la violence s’arrête et que l’effusion cesse d’un côté ou de l’autre, il serait déjà temps de dire  « la vérité, l’âpre vérité » sur ce conflit.

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