Egypte:Qui marche comme un canard?

morsi1Qu’est-ce qui marche comme un canard et cancane comme un canard?

L’Egypte vit depuis le 3 juillet une très forte mobilisation pour défendre l’Etat de droit et la démocratie ; acquis de la révolution d’un peuple contre la dictature de Moubarak.
La situation y est inédite : un président démocratiquement élu kidnappé, parlement démocratiquement élu dissout… pourtant, au niveau international, certains démocrates affichés sont « taisants » et des positions internationales ne se font qu’à demi-mots laissant planer un flou et alimentant des tergiversations sur une situation claire à la base.

1.      Les mots ont-ils toujours un sens ?
« Un coup d’État est un renversement d’un pouvoir légal par une personne investie d’une autorité, de façon illégale et souvent brutale ».
un coup d’état se distingue d’une révolution en ce que celle-ci est populaire et contre un régime établi concentrant tous les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire.

La prise de pouvoir par un coup d’État est réalisée par la force des armes ou plus souvent par l’armée ; alors que dans une démocratie, les citoyens élisent librement leurs représentants qui seront alors chargés d’établir les lois et/ou de les exécuter pour une période déterminée à l’avance.

2.      La scène politique égyptienne et les faits :  

Acte1 : révolution du 25 janvier 2011
le 25 janvier 2011 à la suite d’une intense mobilisation pacifique, le peuple égyptien exaspéré a fait tomber la dictature de Hosni Moubarak régnant sur l’Égypte depuis 30 ans en concentrant tous les pouvoirs et en imposant sur les égyptiens un état d’urgence permanent.

Acte 2 : l’espoir et le processus démocratique
Un grand espoir démocratique est né et une jeune démocratie commence à fleurir ; la première qu’ait connue le peuple égyptien depuis toute son histoire :

L’électorat égyptien, par dizaines de millions, a exercé son libre arbitre et a choisi à travers les urnes « une majorité présidentielle » par six fois en deux ans.

  • en mars 2011, juste après la chute de la dictature de Moubarak, les Egyptiens ont voté par 77 % dans un référendum qui a conduit à la mise en place d’une feuille de route politique.
  • Entre novembre 2011 et janvier 2012, le peuple égyptien a voté pour « une majorité présidentielle » à une majorité écrasante dans la Chambre basse (73 %) et la Chambre haute (80 %) du Parlement.
  • En juin 2012, et pour la première fois de leur histoire, le peuple a élu un civil en tant que président dans des élections libres, équitables et reconnues par le monde entier.
  • Enfin, en décembre dernier le peuple égyptien a approuvé par une majorité de 64% la nouvelle constitution du pays.
  • aussi des élections législatives étaient prévues pour septembre 2013.

Acte 3 : Contre révolution et retour de l’armée :
Bien sûr. Des hostiles aux changements démocratiques, il y en a ; notamment ce qui est appelé «l’état profond» qui est constitué par les «foulouls», tous ces bénéficiaires de la dictature de Moubarak : « un réseau de corruption et d’intérêts particuliers très ancrés dans les institutions de l’état », à savoir dans l’administration, dans les services de renseignements, dans le système judiciaire, dans la police et l’armée, mais aussi dans les médias publics et privés ».

 « L’état profond » commence à  s’organiser, fait obstruction au fonctionnement des institutions de l’état et mène une propagande de diabolisation de la jeune démocratie et des défenseurs de l’état de droit.

A « l’état profond » s’est ajoutée une opposition libérale et laïque frustrée d’avoir échoué, dans toutes les échéances électorales, à arriver au pouvoir par les urnes.

S’appuyant sur ceux-là et dans un scénario hollywoodien, le général Sissi chef de l’armée égyptienne kidnappe le président démocratiquement élu, dissout le parlement démocratiquement élu, annule la constitution ratifiée à travers les urnes par les égyptiens, nomme un président, un premier ministre, se nomme vice premier ministre et se nomme ministre de la défense nationale … et immédiatement,

  • Tous les pouvoirs sont confisqués
  • Une chasse à l’homme des partisans de la légalité démocratique et de l’état de droits est engagée : Arrestations de leurs leaders et même gels de leurs avoirs…
  • La police et l’armée tentent de réprimer les manifestations pacifiques en utilisant la baltajia (milices de criminels et de voyous) sous l’autorité du ministère de l’intérieur.
  • La presse muselée, journaux interdits, des chaines de télévisions fermées, journalistes arrêtés. Seuls les médias publics et privés mènent une campagne de diabolisation sans précédent pour diminuer la popularité des Frères musulmans et couvrir la tentative de mise à mort de l’expérience démocratique.

 3.      En résumé, 
« Ceux qui n’ont été en rien élus, sont maintenant au pouvoir de l’Egypte, Ceux qui sont librement et démocratiquement élus par le peuple égyptien, sont emprisonnés » constate le sénateur américain Lindsey Graham. 

«S’il marche comme un canard et cancane comme un canard, vous ne devriez pas appeler cela un poulet» conclue le sénateur américain John McCain.

Ce qui s’est passé le 3 juillet 2013 en Egypte est un coup d’état militaire, une contre révolution qui veut réinstaller la dictature de Moubarak dont l’Egypte et le monde entier se sont débarrassée.

La scène politique est claire en Egypte.  Il n’y a pas lieu de tergiverser à ce sujet.

4.      Quelle solution ?
Le flou ou la tromperie pour justifier le coup d’état ne peut ni durer ni réussir.
La question qui se pose est comment sauver la démocratie en Egypte?.
Jusque-là, le peuple résiste merveilleusement bien à travers des « sit-in » et des manifestations non violentes et pacifiques face aux putschistes qui ont tablé sur une dispersion rapide des manifestants par la force.

Les initiatives et propositions les plus réalistes et les plus adaptées sont celles qui se basent sur :

–  Le retour à l’ordre constitutionnel : retour du président démocratiquement élu, de la constitution votée par le peuple et du parlement démocratiquement élu.
L’ouverture de négociations sur une courte période de transition démocratique constitutionnel.
Retour très rapide aux urnes pour trancher les différents politiques.

A moins que les putschistes décident de continuer dans leur fuite à l’avant au risque de voir le sang des égyptiens couler.

Que le peuple égyptien soit préservé ainsi que tous les autres peuples.

1 Response to "Egypte:Qui marche comme un canard?"

  • vilistia says: